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Ouverture 1

myxene

Nouveau poète
#1
Août offrait sa torride chaleur à Montmartre et ses vignes aux lourdes grappes gorgées d’été, frôlant la terre à l’ombre des doux feuillages emplis d’une sève vigoureuse, qui donne cette verdure si tendre au regard lassé de tout gris.
Clément cueillit l’un des raisins bruni sous l’astre d’or et d’un geste habitué, le glissa dans sa bouche où il explosa dans la saveur sucrée des vacances endormies.
Robert, le jardinier-vigneron, l’avait accueilli en souriant, pour ensuite vitupérer, comme à son habitude, contre les différents insectes, dont le seul souci, semblait-il, était de détruire son lent et laborieux travail.
Clément connaissait depuis toujours Robert : la mère de Clément, Viviane, peintre bohême, avait, avant la naissance de celui-ci, souhaité vivre dans un quartier de Paris, où vie, art, et nature se confondraient en une douce harmonie, et c’est ainsi qu’avec Alfred, son mari, ils avaient aménagé dans la petite rue des Saules, lieu de rencontres mythiques des artistes d’autrefois, où ceux d’aujourd’hui tentaient de trouver l’inspiration en s’imprégnant de l’atmosphère des rires, des fêtes et des colères qu’avaient connus les murs, dont ils témoignaient encore par « Le lapin agile », ou bien par « La maison rose », où vinrent festoyer, entre autres, Picasso, Modigliani, Gil… Parce qu’elle aimait se promener dans les ruelles secrètes de Montmartre, Viviane avait rapidement fait connaissance avec Robert, qui lui confectionnait de splendides bouquets parfumés de printemps, brillants de rosée ou encore chauds de la journée, selon l’heure à laquelle elle apparaissait, ses cheveux blonds laissés en liberté et ses yeux bleus défiants le ciel de l’être plus encore.
Et puis un jour, Clément fut là, et le temps avait passé, égrené de ses rires ou de ses pleurs, de ses premiers pas, de ses premiers mots, et Robert lui apprenait les vignes et les fleurs, les odeurs, les couleurs, tout en partageant le goûter de quatre heures et l’eau citronnée que Viviane préparait toujours « Pour ses deux hommes », comme elle disait en riant.
Alfred travaillait beaucoup, mais le soir quand il rentrait, dans ses yeux las une lueur s’allumait en voyant sa femme et son fils, rieurs et joueurs, qui sautaient dans ses bras pour conter leur journée et s’inquiéter de la sienne, si fade à côté, lui qui n’était que médecin, lui qui n’était pas un enfant.
- « Tu vois, si on se disputait, je pourrais te jeter à la figure ces assiettes jaunes si affreuses que ta mère nous a offertes pour notre mariage, et puis, tu m’en voudrais et crierais fort, alors je me mettrais à pleurer, et toi, plein de remords, tu m’amènerais dîner au resto pour te faire pardonner ! ».
Alors Alfred fronçait les sourcils, les yeux pleins de malice et cachant mal un sourire :
- « Toi, tu veux que je t’emmène dans un restaurant que tu viens de découvrir ! ».
Le temps s’était ainsi doucement écoulé, colorant les saisons d’une palette de bonheur et la vie pour Clément n’était qu’un heureux songe qui lui semblait ne jamais devoir finir.
Très tôt, il avait suivi sa mère dans ses parcours bohémiens, à la recherche de paysages nouveaux qu’elle peignait inlassablement sur les toiles dorées de ses heures, et partageait avec son mari et son fils le bonheur de créer, sous le pinceau, un monde insolite.
Clément aimait les couleurs vives des peintures et leur odeur entêtante qui régnait dans l’atelier, parfum que durant toute sa vie il lierait à celui de sa mère.
Et son père, heureux, recevait de sa femme ce vent léger des rêves toujours poursuivis, le rire permanent d’une vie comblée.

Mais alors que le printemps signait son chant d’adieu et que les prunus perdaient leurs flocons roses, Viviane fut soufflée comme une plume légère, au début de l’aurore, à l’heure où la nuit est la plus sombre.
Et lorsque le curé, au côté de la pierre définitive, avait poussé sa litanie indifférente, une pluie de pétales pâles s’était abattue sur la tombe fatale, comme si la nature elle-même pleurait le départ de Viviane.
Ce fut pour Clément et son père le début d’un long cauchemar sans fin, qui depuis deux ans, étalait ses tentacules angoissantes dans leurs cœurs désemparés.
Alfred se réfugiait dans son travail, maigre béquille pour qui trébuche sur le chemin des solitudes, ne riait ni ne souriait plus, les traits tirés, toujours plongé dans les méandres de ses pensées, il paraissait, à ses rares heures de présence à la maison, ne jamais être là, tandis que Clément, chaque jour un peu plus seul, dévorait des livres, et, lisant la vie des autres, oubliait un peu la sienne.
 

kathein

Nouveau poète
#2
aucuns commentaires alors que tu en merite des tas.
bravo je t'ne met au moin un!